Tortue

Parasitisme

Le parasitisme des tortues, penser au dépistage et aux traitements réguliers

La tortue de jardin peut s’infester en ingérant des végétaux porteurs de larves éclose, surtout au printemps, ou d’œufs issus des selles d’autres reptiles, les lézards notamment. Il s’agit d’ascaris et de strongles qui vont perturber la digestion du chélonien, en spoliant les vitamines et minéraux du bol alimentaire, en broutant la muqueuse intestinale.
Les jeunes tortues grecques, avides de protéines, chassent aussi limaces et escargots. Ces mollusques hébergent des larves qui finiront dans les poumons du reptile, les contaminant par des bactéries et virus agents de rhinopneumonies, souvent constatées à la sortie d’hibernation.
Une visite vétérinaire bisannuelle s’impose donc, un mois après sortie d’hibernation et à l’automne avant d’y retourner. Une analyse de selles au microscope permet d’évaluer le type de parasitisme et le protocole à appliquer. Les individus de taille moyenne (500g à 1kg) pourront se traiter par voie percutanée avec une pipette pour chat. Les juvéniles et les très gros individus se traitent avec du vermifuge oral pour bovins.
L’intestin des tortues peut aussi héberger des protozoaires. Les ciliés ne sont pas nécessairement pathogènes, mais leur pullulation indique un microbisme à surveiller. Les flagellés sont à éliminer. Traiter au Dimétridazole.

Prolapsus Rectal

Réduction de prolapsus rectal sur une jeune testudo hermanni

L’état de carence en minéraux, dont le calcium, et la constipation liée à l’absorption de cailloux ou de copeaux ou d’écorce de la litière peut entrainer des efforts expulsifs et un prolapsus du rectum chez les reptiles. Il convient d’intervenir précocement avant la survenue de lésions d’abrasion qui compromettraient l’intégrité de la muqueuse. L’organe éversé subit une stase veineuse et un œdème qui croit avec le temps et rend plus difficile la réduction. Un refroidissement par contact avec un glaçon d’eau bétadinée réduit l’œdème. Puis un assemblage de tubes de silicone coaxiaux et montés sur une seringue remplie de sérum physiologique permet la réintroduction puis le déploiement interne du rectum sous pression du liquide injecté. Un apport d’huile de paraffine oral et en clister rectal permet de rétablir le transit.

Résine Hermann

Reconstruction en résine de la carapace d’une tortue de Hermann Testudo Hermanni suite à une morsure de rongeur durant l’hibernation

Durant la période d’hibernation, les tortues sont à la merci de prédateurs sans possibilité de fuir ou de se réfugier, si elles ne sont pas protégées, a minima, par une barrière de fort grillage soudé. Les rongeurs peuvent entrainer des amputations de membres, ou comme ici une perforation de la carapace avec complication de nécrose, voire de gangrène.

Cette Testudo Hermanni Sort de son hibernation au jardin pas assez protégée des morsures de rats. Une nécrose d’une écaille de la dossière est parée au scalpel, ce qui révèle les poumons mis à nu. Une semaine de soins quotidiens de dégraissage à l’éther, imbibition à la povidone iodée (Bétadine dermique) puis application de crème sulfamidée cicatrisante sous pansement de tulle gras permet une granulation du derme. La tortue reçoit une antibiothérapie intra cœlomique d’amoxicilline LA durant ses soins. Plusieurs couches séchées de povidone iodée posées en badigeon constituent un film protecteur et antiseptique. En préalable à la pose de mini broches de Kirchner inserrées en croix dans le tranchant de l’os dermique, pour assurer une bonne tenue de la résine alimentaire armée de fibre de verre. La finition des couleurs est faite à l’acrylique d’art puis au vernis mat acrylique en bombe.

Résine Pardalis

Reconstruction en résine de la carapace d’une tortue léopard de 2.5kg suite à l’attaque d’un chien

Les écailles de bordure de la dossière et du plastron manquent. Après hémostase à l’eau oxygénée à 10 volumes puis désinfection à la povidone iodée. Une crème cicatrisante et antibiotique est appliquée sous compresse et maintenue par un pansement enveloppant. On injecte un antibiotique (amoxicilline par ex.). Après 48heures, le pansement est ôté et les plaies sont désinfectées. L’animal est craintif et reste prostré dans sa carapace. Un morphinique lui est administré. Ici il n’est pas nécessaire de l’anesthésier. Des armatures en broches d’acier sont implantées dans l’os dermique. Puis une résine alimentaire armée de fibre de verre est appliquée.

Une seconde résine de surface, de meilleure tenue mécanique, mais au solvant plus toxique, est appliquée puis limée après 20 minutes de prise. La large surface traitée et le risque toxique imposent l’association des 2 résines. Il reste à restituer l’apparence extérieure des dessins ornés de la carapace à l’aide de tubes de couleur acrylique d’art, en 3 couches successives puis au vernis satiné.

La prothèse étant située à une extrémité de la carapace, elle devrait persister quelques années. Dans le cas où le flanc ou le côté subit une perte de paroi, une grille en fil d’acier doit être tendu, comme les cordages d’une raquette de tennis, la résine est rejetée après plusieurs années, après que l’os dermique se soit reconstruit.

Rappelons que la majorité des traumatismes de carapace est due au chien et à la tondeuse. La détention de faune sauvage impose à ce titre la préservation en enclos sécurisé. Plus de détails sur le site i-fap.fr

Sortie matrice

Sortie de matrice sur ponte tardive de T. Hermanni

Une tortue de Hermann de 2.5kg est présentée en consultation au mois de mais, avec une éversion d’utérus oedèmatiée, accompagnée d’un œuf surdimensionné de largeur de 32 mm, comportant une brèche apicale et une calcification dans sa masse (aspect en galet de rivière). Sous anesthésie, une suture en bourse au fort fil tressé résorbable déc5 est posée par avance autour de la corne et au ras du cloaque. Le corps utérin est incisé dans l’axe puis les artère et veine utérines ligaturées. L’oviducte est retiré et le ligament ovarien bistourné à la pince en cœur. La corne utérine est ensuite coupée, la suture en bourse serrée, et le moignon réintroduit avec la pommade antibiotique. L’œuf restait de l’an passé.

Corps étranger

Extraction de corps étranger sur les tortues

Le plus souvent, ce sont les tortues aquatiques, piscivores, qui font les frais d’une partie de pêche en avalant le ver de terre avec l’hameçon. Si par chance l’hameçon est resté en intra-oesophagien, le bas de ligne étant laissé assez long hors de la bouche, on pourra utiliser un dégorgeoir par extraction haute. Sans fil visible, l’aide d’un endoscope permettra de le saisir à la pince (cas de cette cistude d’Europe Emys Orbicularis).

Sinon, une fois le fils avalé, la seule façon d’extraire l’hameçon des replis de l’estomac est la fenestration du plastron au disque diamanté, puis la reconstruction du volet de carapace par épissures en fils d’acier et résine époxy. (cas de cette tortue peinte).

Plus anecdotique est la pénétration d’épillets de graminées dans les replis de peau chez les tortues terrestres.

Tumeur de la patte

Nécessité de la surveillance de tortues laissées en liberté dans un parc

Placées en liberté dans un parc bien planté, les tortues terrestres, pour la plupart végétariennes, ont beau avoir une allure de blindé qui peut passer l’été en toute autonomie, peuvent contracter des pathologies qui se compliquent de plaies ou de nécroses aggravées par les pontes des mouches (myase). Tel est le cas de cette Hermann (voir pdf – attention âme sensible s’abstenir) atteinte d’une tumeur musculaire très avancée, dont le frottement au sol a entrainé un esquarre colonisé par les asticots. Une surveillance et inspection hebdomadaire de la carapace, et un pesage régulier permet de donner l’alerte à temps.